Amnésie temporaire

lundi 21 février 2005

Les extrêmes - suite et fin

Voilà, le bouquin est refermé, posé sur la table, prêt à retourner sagement sur son étagère de la bibliothèque. Qu'en dire ? Que l'on retrouve dans Les extrêmes les univers virtuels d'Existenz du même Christopher Priest (qui a été adapté au cinéma par David Cronenberg) ? Que l'auteur creuse les thèmes du deuil et de la mémoire tout en jouant avec la perception de la réalité ? Qu'il le fait avec brio ? Que le caractère fantastique de l'intrigue n'a finalement que peu d'importance par rapport à l'analyse psychologique des personnages ? Que la violence des situations dans lesquelles les extrêmes plongent les personnages est frappante compte tenu de la perception aigüe de réalité ? Mais qu'elle est finalement sans doute en-deça de ce que proposent les jeux actuels ? Que l'auteur a du talent et qu'il sait captiver son lecteur ? Oui, tout ça et sans doute plus encore.

J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Et elle rentre sans doute en résonnance avec d'autres lectures récentes pour me faire réfléchir, ce qui est toujours bon à prendre !! J'en redemande !



De l'histoire officielle

Article intéressant dans le Libé du jour sur une rencontre qui s'est tenue samedi à Paris sur le thème de l'histoire "noire" de la France. Ou bien plutôt sur l'histoire de France vécue par les noirs et le décalage qu'il y a avec l'histoire telle qu'on l'enseigne.

Gilles Manceron, autre historien des droits de l'homme, a surenchéri sur le «trou noir» de l'histoire de France. Il voulait monter une exposition. Il a eu un «mal de chien» à mettre la main sur une entrave d'esclaves, à montrer des objets ou même un exemplaire du Code noir (2) : «C'est chassé de nos mémoires, bien que cela ait été constitutif de l'Etat français.» Il a mis le doigt sur la contradiction des droits de l'homme dans les pays fondateurs et leur négation dans les colonies. «En 1848, à l'abolition, il a fallu dédommager les maîtres de ce qu'on leur a fait perdre», rappelle-t-il.

Il est intéressant de se rendre compte qu'effectivement la "question noire" (je n'aime pas trop le terme, mais à défaut de mieux...) semble occultée de la mémoire collective. Par quels procédés des faits, des objets, des acteurs sont passés dans l'oubli au profit d'autres ? Est-ce un besoin de cimenter l'unité nationale ? Est-ce une volonté collective d'oubli des fautes commises ? Nous, générations actuelles, sommes assurément responsables d'un laisser-oublier alors que c'est à nous de nous emparer de notre histoire, de la sortir des lieux communs et de l'éclairer d'un jour nouveau.

Je ne sais pas s'il y a en France un ouvrage équivalent à celui de Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis (Ed. Agone, 2002), ouvrage dont j'avais déjà parlé ici. Ce livre permet de délaisser l'histoire comme succession d'évènements aux enchaînements abstraits. En effet, pour expliquer la constitution des Etats-Unis, son histoire et ses guerres, Howard Zinn confronte l'histoire officielle aux témoignages des laissés pour comptes et des victimes. Ce procédé permet de faire apparaître en creux la volonté de puissance et d'expansion qui a toujours guidé les décisions prises par les personnes détenant le pouvoir.

On pourrait appliquer cette même méthode à l'histoire française. Je suis persuadé que cela permettrait de mieux comprendre les insurrections populaires et les conflits, mais aussi l'esclavage et les colonies.

L'illustration ci-dessous provient du site http://les.traitesnegrieres.free.fr/ que je n'ai fait que survoler.

Esclaves à Madagascar



il a neigé sur Rennes ce matin

Dingue, non ? ... Non ? Ah bon !



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