Amnésie temporaire

De l'histoire officielle

Article intéressant dans le Libé du jour sur une rencontre qui s'est tenue samedi à Paris sur le thème de l'histoire "noire" de la France. Ou bien plutôt sur l'histoire de France vécue par les noirs et le décalage qu'il y a avec l'histoire telle qu'on l'enseigne.

Gilles Manceron, autre historien des droits de l'homme, a surenchéri sur le «trou noir» de l'histoire de France. Il voulait monter une exposition. Il a eu un «mal de chien» à mettre la main sur une entrave d'esclaves, à montrer des objets ou même un exemplaire du Code noir (2) : «C'est chassé de nos mémoires, bien que cela ait été constitutif de l'Etat français.» Il a mis le doigt sur la contradiction des droits de l'homme dans les pays fondateurs et leur négation dans les colonies. «En 1848, à l'abolition, il a fallu dédommager les maîtres de ce qu'on leur a fait perdre», rappelle-t-il.

Il est intéressant de se rendre compte qu'effectivement la "question noire" (je n'aime pas trop le terme, mais à défaut de mieux...) semble occultée de la mémoire collective. Par quels procédés des faits, des objets, des acteurs sont passés dans l'oubli au profit d'autres ? Est-ce un besoin de cimenter l'unité nationale ? Est-ce une volonté collective d'oubli des fautes commises ? Nous, générations actuelles, sommes assurément responsables d'un laisser-oublier alors que c'est à nous de nous emparer de notre histoire, de la sortir des lieux communs et de l'éclairer d'un jour nouveau.

Je ne sais pas s'il y a en France un ouvrage équivalent à celui de Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis (Ed. Agone, 2002), ouvrage dont j'avais déjà parlé ici. Ce livre permet de délaisser l'histoire comme succession d'évènements aux enchaînements abstraits. En effet, pour expliquer la constitution des Etats-Unis, son histoire et ses guerres, Howard Zinn confronte l'histoire officielle aux témoignages des laissés pour comptes et des victimes. Ce procédé permet de faire apparaître en creux la volonté de puissance et d'expansion qui a toujours guidé les décisions prises par les personnes détenant le pouvoir.

On pourrait appliquer cette même méthode à l'histoire française. Je suis persuadé que cela permettrait de mieux comprendre les insurrections populaires et les conflits, mais aussi l'esclavage et les colonies.

L'illustration ci-dessous provient du site http://les.traitesnegrieres.free.fr/ que je n'ai fait que survoler.

Esclaves à Madagascar

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Commentaires

1. Le lundi 24 octobre 2005 à 09:46, par commetoi

humainement parlant, ceux qui pensent encore aujourd'hui que ce que leurs ancêtres ont fait se devait d'avoir lieu devront essayer ce genre de joug rien que pour une heure pour voir et sentir la souffrance des "esclaves"

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