Amnésie temporaire

mardi 13 septembre 2005

Insoutenable facture pétrolière

Où comment ça va faire très mal

Un autre article dans le libé du jour, sur la situation extrêmement difficile que rencontrent les pays du Sud face à la hausse des prix du pétrole. On le sait, quand la situation économique se dégrade pour une raison ou pour une autre, les premières victimes en sont les pauvres. C'est vrai au niveau d'un pays, c'est aussi vrai au niveau international.

Même l'Indonésie, pourtant membre de l'Opep, n'est pas épargnée par le choc. Elle se voyait promettre une renaissance économique, mais sa devise s'effondre, sa facture énergétique explose et son gouvernement vacille face à la grogne sociale. Dans le sud du Nigeria, dans la ville de Benin, trois personnes ont été tuées et plusieurs blessées lors d'une manifestation contre la hausse du prix de l'essence. «La situation macroéconomique et sociale se dégrade dans l'ensemble des pays du Sud non producteurs de pétrole», affirme Moncef Kaabi, économiste à la CDC-Ixis. Economiste à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Deflet Kotte estime que l'«impact de la hausse est terrible pour les pays du Sud en phase d'industrialisation, car leurs économies sont plus énergivores en pétrole que celles des pays déjà industrialisés». La facture pétrolière y représente plus de 5 % du produit intérieur brut, contre 2 % pour ceux du Nord. Et Bill William Ramsay, directeur adjoint de l'Agence internationale de l'énergie, de préciser : «Le drame pour les pays les plus pauvres, c'est qu'ils n'ont pas de filet de sécurité pour maintenir le brut à un prix bas. Sauf à pomper dans les budgets nationaux, au détriment de la santé, de l'éducation...»

De nombreux économistes affirment que l'enchaînement d'un cercle vicieux est déjà à l'oeuvre au Sud. En clair, importateurs nets de pétrole, ces pays doivent honorer l'envolée de leur facture payable en billets verts, qu'ils n'ont pas, faute de recettes d'exportation. Sauf à augmenter une dette (déjà insoutenable) en tendant la main vers des organismes comme le FMI ou la Banque mondiale, ou encore des banques privées... Autant d'acteurs qui cherchent depuis des années à réduire la dette des pays pauvres.

La transition dans l'ère de l'énergie chère va être très difficile à gérer et laissera sans doute beaucoup de monde sur le carreau. Bon, pour ne pas rester sur une note trop noire (désir !!), cette info lue dans la gazette des communes.

Le conseil général d'Ille-et-Vilaine souhaite s'engager, dès 2006, en faveur de la création d'une filière de biocarburants à base d'oléagineux, en liaison avec les agriculteurs, notamment ceux de la filière laitière, en crise actuellement.

Il est intéressant que les choses évoluent au niveau de l'agriculture bretonne, au moins à la marge et dans le département. Un autre chantier qui pourrait apporter beaucoup aussi bien aux agriculteurs qu'aux collectivités qui en feraient l'expérience, c'est la méthanisation à la ferme des déchets organiques. La technique est tout à fait au point et des fillières importantes se sont développées notamment en Allemagne et au Danemark. Mais j'y reviendrai à l'occasion d'un billet sur le sujet.



mercredi 31 août 2005

Développement éolien au Venezuela

Où comment certains ont du pétrole ET des idées !

Un billet du 28 juin dernier de Alternative Energy reprend un article de Business News Americas.

La compagnie pétrolière nationale du Venezuela, PDVSA, cherche à augmenter sa production mensuelle à l'export de 100 000 barrils. Comment ? En développant leur parc éolien via deux projets dont un parc de 100 MW prévu pour mi-2007. La capacité de production d'électricité nouvellement installée venant se substituer à du pétrole, celui-ci est alors disponible pour l'exportation. Pourquoi ? Un barril de pétrole vaut 4$ US sur le marché national alors qu'il vaut 40$ US à l'international (l'article date de deux mois). Le calcul est rapide !

Si les pétro-dollars servent à développer les EnR dans les pays producteurs de pétrole, c'est une bonne chose. L'étape suivante serait que les négawatt-dollars servent à développer les EnR dans les pays pétro-dépendants !!



mardi 30 août 2005

Les nouveaux pirates de la pompe

Où comment voler c'est pas bien !

Lu dans le Figaro (ééééééh oui !) du 26 août :

L'emballement des prix de l'or noir a fait surgir de nouveaux comportements, parfois extrêmes. Aux Etats-Unis, par exemple, la délinquance a bondi dans les stations-service où les propriétaires de 4 x 4 dévoreurs d'essence ont pris la fâcheuse habitude de s'enfuir sans payer leur plein. Certains de ces indélicats laissent des ardoises de 30 ou 40 dollars puis s'enfuient à bord de voitures coûtant plus de 20 000 dollars ! Les comportementalistes en déduisent que ces raids reflètent plus la colère que l'indigence provoquée par la hausse du brut. L'Iowa et le Minnesota ont décidé de sévir. Depuis le 1er août, il en coûte un retrait de permis au voleur d'essence, quelles que soient ses motivations. L'an dernier, ces pirates au comportement peu civique avaient déjà coûté 237 millions de dollars aux gérants de stations-service. Les analystes tablent sur des pertes encore plus élevées cette année, dans le sillage d'un pétrole chaque jour plus cher. Du coup, dans les stations-service, le prépaiement se généralise.

Qu'est ce que ce sera quand il sera vraiment question d'indigence !!!

pétrole
D'ailleurs, pour discuter du sujet, il y a le forum du site oleocene.org dédié à la fin de l'âge du pétrole. Et je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous cette citation mise en exergue du site :

Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.
Kenneth Boulding



lundi 29 août 2005

«Le scandale, c'est la voiture qu'on met entre nos mains»

Où comment je ne vais pas faire mes courses à 115 km/h sur autoroute

Entretien avec Pierre Radanne, ancien président de l'ADEME, aujourd'hui dans Libé.

Cette mesure suffirait-t-elle à compenser la hausse du prix de l'essence ?

Loin de là. D'abord, ce n'est pas sur les autoroutes qu'on fait le plus de kilomètres, c'est en ville. En termes de consommation d'essence, d'émissions de gaz à effet de serre et de pollution, il y aurait beaucoup plus de gains à ramener la vitesse en ville à 30 km/heure, afin de fluidifier la circulation et d'éviter les à-coups. Ensuite, on vit quand même dans un pays incroyable où sont autorisées des voitures dont la vitesse de pointe est bien supérieure à la vitesse admise ! Entre une voiture qui fait du 140 km/h et une autre qui fait du 220 km/h, la consommation d'essence, en ville, double ! Car le moteur de la seconde est réglé pour atteindre les 220 km/h. Le vrai scandale aujourd'hui n'est donc pas tant le comportement des gens en terme de vitesse, mais le véhicule qu'on nous met entre les mains. Il n'a plus rien à voir avec ce qu'il faudrait pour combattre pollution et consommation excessive de pétrole. L'essentiel de la vie quotidienne, c'est une personne seule dans sa voiture pour faire quelques kilomètres à moins de 90 km/h. Et les constructeurs, eux, nous vendent des voitures pour des usages exceptionnels ! C'est ça le grand gaspillage !

Que faudrait-il faire ?

La vraie mesure serait une réglementation à l'intérieur de l'UE qui oblige les constructeurs à vendre des voitures dont la vitesse de pointe serait inférieure à la vitesse autorisée. Le potentiel de gains en vies humaines, en argent (les voitures seraient moins chères à l'achat), en pollution, en consommation de pétrole, serait considérable. Et il ne faut pas croire que les gens y seraient hostiles. A l'Ademe, on avait fait un sondage auprès des Français sur cette question du bridage des moteurs et on avait constaté que le taux d'adhésion était de 80 % !

Voilà une piste d'action intéressante sur un secteur où il est extrêmement difficile d'agir. La question est : à quel prix du barril de pétrole ces actions devriendront-elles envisageables par les gouvernements ?
Notre organisation, notre mode de vie, notre société sont tellement pétro-dépendants... Comment s'imaginer qu'une transition d'une telle ampleur puisse se faire en douceur ?



vendredi 19 août 2005

La cagnotte !! La cagnotte !!

Il n'y a pas qu'en France que l'on se déchire sur l'utilisation des fonds résultants de la hausse des prix du pétrole. En Equateur aussi...

D'après un article de la BBC d'aujourd'hui, l'Equateur vient de stopper ses exportations de pétrole brut pour cause de manifestations persistantes. L'état d'urgence a été déclaré dans la région.
Le motif de la grogne ? Que l'argent du pétrole soit investi dans les infrastructures et la création d'emplois. D'après le président de l'association nationale de l'industrie pétrolière, l'argent du pétrole a servi à payer les fonctionnaires et à réduire le montant de la dette nationale.
On ne sera pas étonné d'apprendre que l'élite hispanique bénéficie plus de l'argent que la population descendant des peuples précolombiens. Lu dans un article du Monde Diplo : l’Institut national de statistique et du recensement estime à 44 % la proportion de pauvres du pays (disposant de moins de 2 euros par jour) en 2004, ce taux atteint de 80 % à 90 % au sein de leur population.



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