Amnésie temporaire

Anti-capitalisme et sorcières néopaïennes

Il y a quelques jours, je m'adonnais tranquillement à mon exercice masochiste préféré - me promener dans des librairires et ne rien acheter, grrrr... - quand je suis tombé sur la couverture du livre de Philippe Pignarre et d'Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste - pratiques de désenvoûtement (éd. La découverte). Je n'ai pu faire autrement que m'en saisir et exacerber ma curiosité avec la quatrième de couv' (décidément, j'en parle beaucoup de celles-là).

C’est entendu : il existe une horreur économique encore plus cruelle au Sud qu’au Nord. Mais la dénoncer ne suffit pas : si la dénonciation était efficace, il y a longtemps que le capitalisme aurait disparu… Les auteurs appellent « capitalisme » ce système qui s’invente en permanence et nous saisit à travers des alternatives infernales, du type : « Si vous demandez des droits supplémentaires, une augmentation de salaire, vous favorisez les délocalisations et le chômage. » Comment ne pas être paralysé ? D’autres peuples ont appelé cela un système sorcier. Et si ce n’était pas une métaphore ? Et si c’était même le meilleur nom que l’on pouvait donner à la prise que le capitalisme exerce sur nous, nous aidant, du coup, à réfléchir aux manières dont nous pouvons avoir prise sur lui ? Pourquoi avons-nous été si vulnérables à un tel système ? Comment se protéger ? Certaines idées partagées par toute la gauche, et d’abord la croyance dans le « progrès », n’auraient-elles pas donné au capitalisme le moyen de nous rendre impuissants ? En tentant de répondre à ces questions, ce livre ne propose ni un programme, ni une nouvelle théorie. Il vise plutôt à encourager tous ceux et celles qui résistent à la résignation, et dont les réussites toujours partielles doivent être racontées, célébrées, relayées. Car l’émergence d’une alternative, loin de se réduire à l’accumulation de luttes défensives et de postures « révolutionnaires », passe plutôt par la construction patiente et joyeuse d’un autre rapport aux autres et au monde, sans que rien de ce que chaque collectivité expérimente soit passé sous silence. C’est un anticapitalisme pragmatique que les auteurs souhaitent ici mettre en discussion, dans la suite du cri lancé à Seattle : « Un autre monde est possible ! »

Malgré tout l'attrait du bouquin, ma volonté a été la plus forte et il est resté sur le présentoire. Je n'en ai pas moins cherché à en savoir plus, et j'ai découvert à cette occasion le magazine en ligne Périphéries qui publie un long article sur le livre de Philippe Pignarre et d'Isabelle Stengers. Par ricochet, j'ai trouvé au même endroit un autre long article qui aborde le livre Femmes, magie et politique de l'américaine Starhawk (éd. les Empêcheurs de penser en rond) où il est question de sorcières néopaïennes. Tout un programme !

La sorcellerie capitaliste Femmes, magie et politique

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Commentaires

1. Le mercredi 16 mars 2005 à 16:40, par Barabas

J'i assisté à une réunion à la librairie Sauramps à Montpellier avec un des auteurs (Philippe Pignarre) qui m'a convaincu d'acheter ce livre. je n'ai pas été déçu : je crois que c'est un abord du capitalisme complètement nouveau. Tous ceux qui se réclament de la gauche devraient le lire. Les auteurs veulent nous permettre de refaire de la politique en devenant plus intelligent ...

2. Le mercredi 16 mars 2005 à 17:05, par Amnésie temporaire :: email

Eh bien c'est une bonne chose que d'avoir ton commentaire de lecteur. Ce livre vient de remonter de quelques places dans la liste de mes bouquins à acheter !

Merci !!

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